HISTOIRE DU VAMPIRISME suite

Publié le par GOTHIC

LE VAMPIRE CONSACRE

LE MORT VIVANT , SUPPOT DE SATAN

Dans la seconde moitié du XVI°siècle , la réforme va à son tour officialiser le vampirisme avant la lettre . A cette époque , on croit que les défunts qui sont censés , s'auto dévorer dans leur cercueil lors des épidémies de peste ont le pouvoir de provoquer à distance , comme par magie , la mort des personnes vivantes . Certains témoins prétendent même avoir entendu les morts mâcher dans leur tombe . Luther en personne a été informé d'un fait de ce genre par le pasteur Georg Röhrer et à partir de 1552 , en Prusse et en Silésie , on prend l'habitude de mettre une pierre ou un pfennig dans la bouche des morts pour les empêcher de mâcher . On donne à ces protos vampires le nom allemand de Nchzehrer qui peut se traduire par prédateurs ou parasites . En Suisse , les théologiens de la réforme comme Calvin et Louis Lavater , récusant la thèse du purgatoire ne peuvent expliquer le retour des morts que par la sorcellerie . En 1581 , Lavater postule , dans son traité sur les spectres et les esprits nocturnes , que les revenants ne sont pas les âmes des morts mais des démons qui ont revêtu l'apparence des défunts , idée reprise en 1597 par le futur roi Jacques Ier d'Angleterre , alors roi d'Ecosse sous le nom de Jacques VI et particulièrement versé dans l'étude des sciences occultes , dans sa démonologie .
Le mort-vivant , reconnu comme un suppôt avéré du démon , a désormais droit de cité dans la culture européenne . Il ne lui reste plus qu'à conquérir toute la partie orientale de l'Europe .

 

 

LA COMTESSE SANGLANTE

Au début du XVII°siècle , à l'instar de l'affaire GILLES DE RAIS en France au siècle précédent , un événement frappe les imaginations dans ce pays très superstitieux qu'est la Hongrie ; c'est le procès en 1611 , de la comtesse Erzsébet Bathory . Celle-ci est accusée d'avoir fait enlever et saigner comme des animaux de boucherie de malheureuses jeunes filles qui habitaient dans des villages aux alentours de son château de Csejthe , situé au sommet d'une colline dans la région montagneuse de la Hongrie proche des Carpates . Selon , les chroniques de l'époque , le nombre de victimes se situait entre 80 et 300 ; la vérité se situe probablement plus près de 250 . Comme dans le cas de GILLES DE RAIS et de VLAD TEPES , il n'y a rien de surnaturel dans cette affaire : personne n'a affirmé que la comtesse Bathory était une morte vivante , mais toutes les chroniques s'accordent à dire qu'elle prenait un vif plaisir à boire le sang de ses victimes et même à en remplir sa baignoire , dans le but de préserver le plus longtemps possible sa jeunesse et sa beauté .
Lorsque débute cette tragique histoire , Erzsébet est l'épouse délaissée du comte Ferencz Nadasdy , soldat réputé pour sa bravoure . Son mari étant toujours parti guerroyer , Erzsébet , pour tromper son ennui , s'initie à la magie noire , grâce à Thorko , un serviteur qui va devenir son âme damnée , et commence à faire enlever et à torturer quelques jeunes paysannes . Après la mort de son mari en 1600 , Erzsébet peut s'adonner librement à ses coupables activités , aidée par Thorko ainsi que par sa nourrice Ilona GJoo , son majordome Johannes Ujvary et une sorcière nommée Darvula .

 

ERZSEBET BATHORY ENTRE DANS LA LEGENDE

Pendant dix ans , des dizaines de jeunes filles , enchaînées dans les cachots du château , seront torturées avec raffinement et saignées à mort . Devant le nombre impressionnant de disparitions de femmes dans la région , des rumeurs se répandent et , pour y mettre fin , le 30 décembre 1610 , le comte Gyorgy Thurso , cousin d'Erzsébet , à la tête d'une compagnie de soldats et de gendarmes , investit le château au moment même où se déroule l'une de ses orgies sanglantes . outre des cadavres de jeunes femmes , on découvre dans les cachots souterrains des prisonnières encore vivantes , dont le corps a été lardé de milliers de piqûres d'aiguilles , et d'autres qui n'ont pas encore subi de sévices mais qui attendent leur tour .

Sauvée de la peine capitale grâce à ses liens de parenté avec la famille royale , la comtesse sera gardée en captivité jusqu'à sa mort dans sa propre chambre dont on mure les fenêtres et la porte en ne laissant qu'un étroit interstice pour lui passer les plats , tandis que les complices seront tous exécutés . Le château étant demeuré à l'abandon après la mort de la comtesse , l'endroit restera maudit .

L'affaire Bathory a contribué à répandre dans la région toutes sortes de rumeurs et de légendes selon lesquelles la comtesse aurait continué , après sa mort , à se livrer à ses débauches sanglantes , devenant ainsi un vampire au sens propre du terme .

 

LE VAMPIRISME GAGNE LES PARTIES LES PLUS RECULEES DE L'EUROPE DE L'EST

Le XVII° siècle a été une période capitale pour la propagation des superstitions relatives aux vampires dans les Balkans , la Grèce , la partie orientale de l'empire austro-hongrois et la Russie . Au moyen age , des manifestations de morts-vivants avaient été attestées dans presque toute l'Europe occidentale . Des pays comme la Grande Bretagne , la France , l'Espagne et le Portugal n'avaient pas été épargnés . Au XVI°siècle , de tels phénomènes se sont faits de plus en plus rares à l'ouest de l'Europe , tandis qu'à l'est ils se sont brusquement amplifiés . Cette différence peut s'expliquer par plusieurs facteurs . Le premier est d'ordre sociologique : à la fin du XVI°siècle et au XVII° siècle , les pays de l'est de l'Europe sont pauvres et d'accès difficile , particulièrement dans les régions montagneuses . Les grandes découvertes de la renaissance ont bien du mal à pénétrer dans ces lointaines contrées où , en dehors de la bourgeoisie des villes , la majorité de la population , formée essentiellement de paysans , est analphabète . Véhiculée par des récits de voyageurs , les superstitions trouvent dans ces pays un terrain favorable .

Le second facteur est d'ordre religieux : tandis que dans les pays latins d'obédience catholique comme l'Espagne , et le Portugal , l'église de Rome mène , grâce à l'inquisition une lutte impitoyable contre l'hérésie et la superstition et que , dans un pays protestant comme la Grande Bretagne , l'église anglicane se livre sous le règne des Stuart , à une chasse aux sorcières sans précédent , en Orient , les églises de rite byzantin ont une attitude beaucoup plus souple à l'égard des superstitions , allant même jusqu'à les intégrer dans leur liturgie , comme le cas des broucoulaques en Grèce .

 

 


DES BROUCOLAQUES AUX VAMPIRES

La croyance selon laquelle les morts peuvent être préservés de toute corruption cadavérique et sortir de leur tombe est très ancienne en Grèce . On donne à ces non morts , le nom de Vrykolakas que l'on francise en Broucolaques . Ce sont généralement des personnes qui n'ont pas été inhumées en terre consacrée parce qu'elles se sont suicidées ou qu'elles ont été excommuniées . A l'origine , inoffensives ces âmes en peine ne cherchent qu'à quitter leur enveloppe charnelle , et il suffit que l'église annule la sentence d'excommunication pour leur rendre la paix . Du fait de la croyance aux loups garous et à ces morts vivants prédateurs auxquels on n'a pas encore donné le nom de vampires , le statut des broucolaques se modifie à partir du XVI°siècle .

Etymologiquement le mot Vrykolakas , terme emprunté à la langue slavonne , signifie loup garou , ainsi donc , au XVI°siècle , on utilise indistinctement le même terme pour désigner les morts vivants et les loups garous , infiniment plus dangereux dans les Balkans et les Carpates . La croyance aux loups garous , êtres humains capables de se métamorphoser en loups , puise ses racines dans la démonologie médiévale . Sigismond ( 1368-1437) roi de Hongrie et chef du saint empire romain germanique , avait fait reconnaître officiellement leur existence par l'église , lors du concile oecuménique de 1414 . Au XVI°siècle , le phénomène prend de telles proportions dans toute l'Europe que l'église romaine décide de mener une enquête officielle .

Entre 1520 et le milieu du XVII° siècle , on dénombre quelques trente mille cas de lycanthropie en Europe , les pays les plus touchés étant la France e, Europe de l'ouest , ainsi que la Serbie , la Bohême et la Hongrie en Europe de l'est . La rumeur s'étant répandue selon laquelle les loups-garous deviennent après leur mort des morts vivants qui sucent le sang des humains , vers la fin du XVII° siècle , on voit partout des vampires avant la lettre en Silésie , Bohême , Pologne , Hongrie , Moldavie et Russie sans omettre bien sur la Grèce où les inoffensifs broucolaques sont devenus des monstres assoiffés de sang . Chaque pays emploie sa propre terminologie pour désigner ses redoutables prédateurs puisque le mot vampire n'existe pas encore . Ces événements ont un tel retentissement que l'on commence à en parler dans les capitales d'Europe occidentale . La revue française Le mercure galant , très prisée à la cour , consacre à ce phénomène son numéro d'octobre 1694 .

A la fin du XVII° siècle , même s'il n'a pas encore trouvé son nom définitif , le vampirisme devient une sorte de psychose collective dans tous les pays d'Europe de l'est , mais cette grande peur ne se transmet que par rumeurs et ne laisse pas encore de traces écrites de caractère officiel . Il faudra attendre les premières décennies du XVIII°siècle pour qu'apparaissent enfin des rapports et des témoignages recueillis par écrit qui donneront foi à ce qui se passe encore pour une simple superstition dénuée de tout fondement .

 

 

Publié dans MORSURES DU CREPUSCULE

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