HISTOIRE

Publié le par GOTHIC

HISTOIRE DE L’ARCHITECTURE GOTHIQUE

 

 

 

 

L'architecture gothique est née en Île-de-France dans la deuxième moitié du XIIe siècle, elle se répand rapidement au nord de la Loire et s'impose en Europe jusqu'au milieu du XVIe siècle, où se développe l'architecture classique, sous l'influence de la Renaissance italienne. L'architecture gothique est essentiellement religieuse. Son identité très forte est autant philosophique que technique et elle représente probablement de ces deux points de vue, l'un des plus grands achèvements artistiques du Moyen Âge.

On situe le début du gothique vers les années 1130-1150 en Île-de-France, région des alentours de Paris. Originaire de France, ce nouveau style est intitulé art français ou francigenum opus. C'est d'ailleurs dans ce domaine royal des capétiens que le style trouve son expression la plus fréquente et la plus classique. Bien que les éléments techniques qui le caractérisent existent depuis de nombreuses années, c'est généralement l'édification de l'Abbatiale de Saint Denis, la première construction à se démarquer franchement du style ((architecture romane|roman]], qui est considérée comme son acte de naissance. En 1122, l'abbé Suger décide d'achever la construction de la principale église de son évêché en s'inspirant du nouveau style entraperçu dans la cathédrale Saint-Étienne de Sens.

 

 

 

 

En 1140 il réalise l'implantation d'un nouveau massif occidental, s'inspirant des modèles normands de l'âge roman comme l'abbatiale Saint-Etienne de Caen. En 1144, la consécration du chœur de la basilique marque l'avènement d'une nouvelle architecture. Reprenant le principe du déambulatoire à chapelle rayonnante, il innove en prenant le parti de juxtaposer les chapelles autrefois isolées en les séparant par un simple contrefort. Chacune des chapelles comporte de vastes baies jumelles munies de vitraux filtrant la lumière. Les nouvelles idées sont rapidement exploitées à Senlis, Noyon puis Paris et Laon pour toucher toute l'Ile de France. Elle se répand ensuite progressivement en Europe occidentale, avec des variantes locales propres à chaque contrée (Angleterre, Espagne, Italie, pays germaniques, Scandinavie, ...) et évolue dans le temps, du gothique dit « primitif » (XIIe siècle) au gothique « flamboyant » (XVIe siècle). Mais à la fin de la Renaissance , cette nomination changea.

Le mot « gothique » fut utilisé en premier par les Italiens pour désigner l'art de la fin de Renaissance qui imitait l'art français du Moyen Âge. C'est Giorgio Vasari qui, en 1550, sera le premier à employer cette appellation. Ce terme avait une connotation péjorative, car les Humanistes de la Renaissance souhaitaient un retour au classicisme, c'est-à-dire aux formes dépouillées et pures de l'Antiquité. Ils étaient donc effarés par ces constructions qui ne respectaient pas les canons de la période de l'Antiquité, période qui, pour eux, était un modèle de perfection. Les artistes de la Renaissance choisirent donc le mot gothique pour signifier que cet art était digne des « barbares ». Or les Goths étaient une ancienne peuplade germanique du Nord, des barbares, dont les armées avaient notamment envahi l'Italie et pillé Rome en 410.

 

 

 

 

Le mépris pour cet art fut tel qu'il fut projeté de détruire la cathédrale Notre-Dame de Paris pour la remplacer par une nouvelle. Ce projet ne put cependant se concrétiser lorsqu'éclata la Révolution. La vente ou l'abandon des biens de l'Église, que celle-ci entraîna, provoqua cependant la disparition de nombreux chef d'œuvres de l'architecture gothique, dont notamment l'abbaye de Cluny.

Lorsqu'au XIXe siècle naquit le mouvement romantique, l'intérêt pour l'ensemble du Moyen Âge, y compris l'architecture gothique se développa, et ce mot perdit cette connotation négative. Il désigne aujourd'hui un mouvement artistique qui s'est étendu, plus ou moins selon les régions géographiques, de la moitié du XIIe siècle jusqu'au début du XVIe siècle.

À la fin du XIXe siècle, s'inspirant des travaux de recherche de Viollet le duc, de nombreux édifices, notamment religieux, imitent le style médiéval. Les innovations techniques permettant aux constructions de s'affranchir de certaines contraintes qui dictaient leur forme, une nouvelle architecture réinterprète son patrimoine historique, et après le néo-classique, le néo gothique fait son apparition, particulièrement en Angleterre suivie par les États-Unis d'Amérique. Le monument le plus célèbre s'inspirant de l'héritage gothique tout en s'en démarquant très nettement est probablement la Sagrada Família à Barcelone (Espagne).

 

 

 

 

Si le Roman est une architecture de l'humilité dont les bâtiments ont généralement pour principale fonction d’abriter une communauté monastique souvent repliée sur elle-même et encline à la contemplation, le gothique s'illustre au contraire dans des lieux publics et assume également une fonction de représentation. La cathédrale gothique, construction la plus emblématique du style, est une image de la Jérusalem céleste. C'est autant une invitation à l'élévation spirituelle qu'une manifestation du pouvoir et de la grandeur de Dieu et de l'Église.
L'architecture gothique est l'incarnation de la théologie de la lumière telle qu'élaborée par les pères de l'Église (en particulier saint Augustin) qui voit dans la lumière l'expression du divin. La cathédrale est donc avant tout un édifice de lumière où le but ne doit être confondu avec le moyen. C'est en effet la recherche de la lumière qui exige la légèreté des structures gothiques et non un accident découlant de l'évolution des techniques.
La cathédrale est également une représentation de la cité de Dieu, domaine sacré, accueillant la communauté des croyants. Elle est une image du royaume de Dieu non seulement dans sa symbolique mais dans sa construction même qui met en œuvre une géométrie complexe, idéale, divine. Le plan gothique répond aux règles de la scolastique, l'édifice se divise ainsi en sections et sub-divisions uniformes.

 

 

 

 

C'est une œuvre politique. Commanditée par un évêque et financée par les nobles et les notables, elle est un outil de prestige comme en témoignent les tentatives parfois déraisonnables d'élévation. La flèche de la cathédrale domine toute la plaine et se voit donc de loin. La statuaire et l'iconographie richement colorées, illustrent les évangiles et les valeurs morales de l'Église de manière compréhensible par tous. Il s'agit donc d'un fantastique outil pédagogique et dogmatique auprès de la large audience qu'elle peut accueillir. Ainsi David d'Angers déclarait-il :

« Plus je vois les monuments gothiques, plus j’éprouve de bonheur à lire ces belles pages religieuses si pieusement sculptées sur les murs séculaires des églises. Elles étaient les archives du peuple ignorant. Il fallait donc que cette écriture devînt si lisible que chacun pût la comprendre. »

La cathédrale gothique est aussi l'expression de la connaissance d'une caste d'architectes qui mêle la plus haute technologie de la pierre à une mystique ésotérique. Les secrets de conception et de réalisation de ces merveilles architecturales sont jalousement gardés au sein d'une confrérie dont les origines mythiques remontent à Hiram, l'architecte du Temple de Salomon.

L'architecture gothique est déterminée par un réalisme platonicien : raison, amour mystique et observation de la matière. Elle devient un art aristocratique et populaire à la fois. Il est le miroir du monde et de l'âme. Il est basé sur un jeu de volumes, de vides, des effets de lumière et des éléments décoratifs.

 

 

 

 

La révolution gothique est survenue au moment où les avancées techniques ont rendu possible la réalisation de cet idéal philosophique :

c'est en effet l'époque de l'invention de la brouette afin de remplacer les civières dans le transport des pierres et bricaillons permettant ainsi un gain de main d'œuvre (un seul ouvrier nécessaire au lieu de deux) ;
des cintres en bois sont réalisés pour faciliter la construction des arcs et surtout des ogives ;
les maîtres d'ouvrages apparaissent : ils se servent enfin de maquettes pour guider leur chantier et inventent le dessin d'architecture (avant la forme de la construction n'était pas determinée avant la fin de la construction) ;
c'est aussi le temps de l'apparition de la roue de carrier, sorte d'ascenceur qui fonctionne grâce à deux hommes marchant dans une cage ;
le fil à plomb est maîtrisé.
Un œuvre représente très bien tous ces nouveaux outils et corps de métiers c'est la Sainte-Barbe de Jan Van Eyck.

 

 

 

 

Si l'arc en plein cintre, fondateur de l'architecture romane, donnait satisfaction pour la construction d'une nef simple munie d'une voûte dite en berceau, il convenait mal à la croisée du transept et de la nef. Il en résultait, aux diagonales de l'intersection, des arcs elliptiques aplatis beaucoup plus fragiles. L'effondrement de la coupole de l'église Hagia Sophia à Constantinople avait illustré ce problème.

La solution fut de réserver la robustesse des arcs en plein cintre aux diagonales de la croisée, ce que l'on appelle une croisée d'ogives. La projection orthogonale de cette croisée selon l'axe de chacune des nefs donne alors une demi-ellipse posée dans sa hauteur, très résistante en son sommet. Par chance, il existe une bonne approximation de cet arc pour cette époque où, sur le chantier, à défaut de bons moyens de calcul et de mesures précises il vaut mieux recourir à des tracés simples à exécuter : il s'agit d'un arc brisé composé de deux arcs de cercle centrés respectivement au premier et au troisième quart de la distance à franchir.

Cette approximation est souvent observable à une légère déformation de la voûte de la croisée à l'endroit où elle se raccorde aux nefs.

 

 

 

 

De plus, le style roman s’est développé principalement au sud de la Loire , où la luminosité permettait ses ouvertures limitées et ses jeux de contraste entre ombre et lumière. Au nord, ce parti pris structurel aurait rendu les bâtiments trop sombres et lugubres, des ouvertures plus grandes devaient être envisagées pour laisser pénétrer la lumière. L'arc plein cintre ne permet pas de percer des ouvertures suffisantes pour laisser pénétrer la lumière à laquelle aspire le gothique car le report latéral des forces est trop important et on ne peut envisager d’élever la voûte sans renforcer les murs pour supporter la poussée résultante.
En revanche l’arc brisé et la croisée d'ogives permettent de canaliser les forces et de les concentrer sur des piliers. Les murs n’ont donc plus à supporter le poids de la structure qui est concentré sur une ossature ogive – piliers - arc-boutant. Les voûtes et les flèches peuvent donc s’élever. Tout est élan vertical et la lumière devient si abondante qu'on peut jouer à la colorer par des vitraux (ces vitraux existent dans les églises gothiques en abondance). L'une des réalisations les plus audacieuses de l'architecture gothique est la basilique Saint-Urbain à Troyes où la finesse de la structure est extrême.

 

 

 

 

La magie du gothique réside donc dans cette gestion invisible des forces où les éléments qui semblent supporter les poussées apparaissent trop légers pour remplir cette fonction et où l'équilibre de l'édifice repose sur l'opposition de déséquilibres des éléments qui le composent. Cet équilibre n'est possible que si la conception des parties supérieures précède l'édification des parties basses. La cathédrale gothique est donc un monument éminemment structuré et planifié à défaut d'être calculé. Il est intéressant de noter que les concepts physiques sur lesquels repose l'architecture gothique ne seront théorisés qu'à partir du XVIe siècle.

Le retour aux entablements que préconisa la Renaissance correspond à la perte progressive de l'art empirique du tracé au profit d'une architecture calculée et mesurée. Palladio en sera le grand initiateur. Il faudra attendre Gustave Eiffel pour retrouver toute la légèreté des structures gothiques.

 

 

 

 

Le gothique primitif

Le premier art gothique, le gothique primitif naît à l'abbatiale royale de Saint-Denis et s´étend durant la seconde partie du XIIe siècle dans le nord de la France. Le clergé séculier est alors tenté par un certain faste architectural. Saint-Denis, reconstruit sous l'impulsion de l'abbé Suger passe pour le prototype : mais ce parti, très audacieux, ne sera pas immédiatement compris et suivi (façade harmonique, double déambulatoire, voûtes d'ogives). La cathédrale Saint-Étienne de Sens est un autre exemple initiateur de ce mouvement, par contre moins audacieux que Saint-Denis : alternance des supports (piles fortes et piles faibles, voûte sexpartite, murs qui restent relativement épais - les arcs-boutants n'apparaissent qu'à la prériode classique). Cependant nous pouvons y constater des innovations telles que l'absence de transept qui unifie l'espace et l'éclairage plus abondant. Les apports de Sens sont compris plus vite que ceux de Saint-Denis. La cathédrale de Sens va avoir davantage de répercussions et rapidement de nombreux édifices vont suivre son exemple, au nord de la Loire dans un premier temps : Noyon, Senlis, Soissons, Laon.

 

 

 

 

Le gothique classique

Le Gothique Classique correspond à la phase de maturation et d'équilibre des formes (fin XIIe-1230 environ). On construit alors toutes les plus grandes cathédrales : Reims, Bourges, Amiens,... Le rythme et la décoration se simplifient. En réalité, on privilégie le colossal au détriment du raffinement; l'élan vertical est de plus en plus prononcé. L'architecture s'uniformise : on abandonne l'idée de principe de piles alternantes très marqué à Sens. Pour cette période, on commence à connaître le nom des architectes, notamment grâce aux labyrinthes (Reims). Le travail se rationalise, la pierre se standardise. Le monument prototype est Chartres, projet ambitieux avec une élévation à trois niveaux qui a pu être possible grâce au perfectionnement dans le contrebutement. La mise au point des arcs-boutants permet de supprimer les tribunes qui jusqu'alors jouait ce rôle. Les autres pays d'Europe commencent à s'intéresser à cette nouvelle forme architecturale (Canterbury, Salisbury, ...).

 

 

 

 

Le gothique rayonnant


Encore une fois, ce style est né à Saint-Denis avec la réfection du chœur de l'abbatiale en 1231. Le rayonnant va se développer peu à peu jusqu'en 1350 environ. Les églises deviennent de plus en plus hautes, dépassant parfois les limites comme à Beauvais, construction trop ambitieuse : en 1272 une partie des voûtes du chœur de la cathédrale s'effondrèrent; les voûtes étaient trop hautes et les piliers trop espacés. Les principales caractéristiques de cette architecture sont la virtuosité des remplages, la verticalité toujours plus importante, des piliers fasciculés, et les surfaces vitrées qui deviennent de plus en plus grandes; les églises deviennent de véritables squelettes de pierre, le reste étant de verre, laissant pénétrer une lumière abondante. Le gothique rayonnant s'impose réellement à partir des années 1240. Les édifices alors en chantier prennent immédiatement en compte cette nouvelle "mode" et changent partiellement leur plan. C'est à cette époque que la rose devient vraiment un élément incontournable du décor, même si elle était déjà très utilisée avant (Notre-Dame de Paris, transept). La multiplication des chapelles latérales permet aussi d'agrandir l'espace de la cathédrale. L'abbatiale Saint-Ouen de Rouen est un excellent exemple d'édifice rayonnant.

 

 

 

 

Le gothique flamboyant

Appelé aussi gothique tardif, il naît dans les années 1350 et se développe jusqu'à la fin du XVe siècle, et parfois même dans certaines régions durant la première partie du XVIe siècle. Durant cette période, les innovations sont rares. La structure des édifices reste la même, mais leur décor évolue vers un ornement exubérant, « flamboyant », qui forme des sortes de flammes que l'on peut remarquer dans les remplages des baies ou sur les gâbles par exemple. L'élévation se simplifie quelque peu avec souvent une élévation à deux niveaux (Saint-Germain l'Auxerrois), ou bien avec une élévation à trois niveaux mais avec un triforium aveugle. La voûte d'ogive se fait plus complexe, devenant dans certains édifices décorative ; c'est le cas à la cathédrale Saint-Guy de Prague. La clef pendante ou cul-de-lampe, véritable prouesse technique, se fait plus fréquente (Saint-Ouen de Rouen, portail des Marmousets). Exemples d'édifices flamboyants : l'église Saint-Maclou et le Parlement de Rouen, la basilique Saint-Urbain de Troyes, l'église de Louviers, l'Église Saint-Nicolas-de-Tolentino de Brou, près de Bourg-en-Bresse, dans l'Ain.

 

 

 

 

Le gothique italien


L'Italie n'a pas complètement intégré l'art gothique venu du nord. Le seul monument religieux vraiment gothique de ce pays est la cathédrale de Milan. Pour ce qui est d'autres édifices, tels les cathédrales de Sienne ou d'Orvieto, seuls des éléments décoratifs, qui ne sont pas la « substance » de l'art gothique, sont repris et largement adaptés.

 

 

 

 

Le gothique espagnol

Cathédrale de Palma de Majorque À Séville, le monumental minaret de la mosquée désaffectée depuis la Reconquista s'est vu flanquer d'une cathédrale gothique tardive qui restera la plus vaste du monde. Ses dimensions impressionnantes ont été autorisées par un allégement dû à l'absence de charpente permise par une faible pluviosité. Les cathédrales du nord de la péninsule (à Burgos, León) sont des transpositions de l'art gothique français. La cathédrale de Palma de Majorque se caractérise par un volume intérieur exceptionnel et des voûtes reposant sur des piliers excessivement élancés.

 

 

 

 

Au Moyen Orient

Né à l'époque des Croisades, l'art gothique a laissé quelques témoignages inattendus dans les pays du Levant, comme à Chypre ou les cathédrales latines de Nicosie et Famagouste furent ensuite converties en mosquées.

 

 

 

Publié dans ARCHITECTURE GOTHIQUE

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